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1 oct. 2025reading time icon10 min

Tout savoir sur le droit de passage

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Tout savoir sur le droit de passage
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Vous avez trouvé la propriété idéale, mais une servitude de passage y est inscrite ? Ou vous venez d’acheter un chalet isolé, sans accès direct à une route publique ? Dans les deux cas, le droit de passage devient un élément central de votre projet immobilier.

Souvent mal compris, ce droit peut soit limiter l’usage de votre propre terrain, soit vous garantir un accès légal et essentiel à la voie publique. Dans un contexte où l’emplacement d’un terrain ou la configuration du lot joue un rôle clé, comprendre les implications d’un droit de passage est indispensable pour éviter les mauvaises surprises.

Dans cet article, vous découvrirez les définitions, les étapes, les coûts et les obligations qui entourent le droit de passage au Québec. Que vous soyez acheteur, vendeur ou simplement curieux, vous y trouverez des réponses claires pour naviguer en toute confiance à travers ce sujet juridique parfois complexe.

Qu’est-ce qu’un droit de passage ?

Un droit de passage est un droit légal accordé à une propriété pour lui permettre d’accéder à une voie publique en traversant le terrain d’un voisin. En termes juridiques, il s’agit d’une charge imposée à un terrain, appelé fonds servant, au bénéfice d’un autre, le fonds dominant.

Ce droit est particulièrement important lorsqu’un terrain est enclavé, c’est-à-dire sans accès direct à une route. C’est souvent le cas de chalets en forêt, de terrains situés en retrait ou de lots issus d’un morcellement. Le propriétaire doit alors demander le droit de passage à celui dont le terrain permet l’accès le plus simple et le moins dommageable à la voie publique. La longueur du chemin, le relief et les impacts sur l’aménagement du terrain servant sont des critères qui seront pris en compte.

Quelle est la différence entre une servitude de passage et un droit de passage ? Définition

Non, ces deux expressions désignent la même chose. Le droit de passage est en fait un type de servitude, utilisé spécifiquement pour permettre l’accès à une propriété enclavée.

Il est toutefois important de noter que toutes les servitudes ne sont pas des droits de passage. Une servitude peut également concerner d’autres usages, comme le passage de fils électriques, de conduites d’eau ou des restrictions liées à l’aménagement du terrain.

Un droit encadré par le Code civil au Québec

Au Québec, le droit de passage est encadré par le Code civil et doit respecter des règles juridiques précises. Pour être pleinement reconnu, il ne suffit pas d’avoir une entente entre voisins : certaines démarches formelles doivent être respectées.

Une fois que les parties se sont entendues sur les conditions de la servitude, celle-ci doit être publiée au Registre foncier du Québec. Sans cette inscription, le droit de passage ne sera opposable qu’aux signataires du contrat. L’intervention d’un notaire est donc essentielle pour officialiser la servitude et en assurer la validité à long terme.

Si une entente verbale ou écrite n’est pas inscrite au registre et que le propriétaire du terrain servant décide de vendre sa propriété, le nouvel acheteur ne sera pas tenu de respecter cette entente. Le droit de passage pourrait alors être remis en question, même s’il était respecté jusqu’ici.

Droit de passage lors de l'achat d'une maison

Comment demander un droit de passage sur un terrain privé ?

Pour qu’un droit de passage soit pleinement reconnu et opposable aux tiers, certaines étapes doivent être suivies. Ces démarches visent à encadrer légalement la servitude, à éviter les conflits futurs et à protéger les intérêts des deux parties.

1. Faire appel à un arpenteur-géomètre

Avant toute chose, il est recommandé de consulter un arpenteur-géomètre. Ce professionnel pourra définir avec précision les limites de la voie d’accès, s’assurer de la conformité du tracé et dresser un plan qui servira de référence dans le contrat. Cette étape est essentielle pour prévenir toute ambiguïté.

2. Choisir le mode d'établissement du droit de passage

Au Québec, une servitude de passage peut être établie de quatre façons :

Par contrat

C’est la méthode la plus courante. Le contrat peut être écrit, verbal ou tacite, mais il est fortement recommandé de le consigner par écrit pour qu’il soit clair et opposable aux tiers.

Par testament

Un testateur peut imposer une servitude sur une propriété qu’il lègue, par exemple en divisant un terrain entre plusieurs héritiers, dont l’un recevrait un lot enclavé.

Par effet de la loi

Dans certains cas, la loi impose d’elle-même un droit de passage, notamment pour permettre à un fournisseur comme Hydro-Québec d’accéder à ses installations.

Par destination du propriétaire

Ce mode s’applique lorsqu’un propriétaire possède plusieurs terrains contigus et anticipe qu’une servitude sera nécessaire si l’un d’eux est vendu. La servitude prend effet dès que les lots sont séparés entre différents propriétaires.

3. Rédiger un contrat clair

Une fois l’accord conclu entre les parties, il faut rédiger un contrat détaillé. Celui-ci doit inclure :

  • La description du terrain sur lequel s’exercera le droit de passage ;
  • La désignation de la personne qui en bénéficiera ;
  • La durée de la servitude, s’il y a lieu ;
  • Les circonstances propres à son usage ;
  • Le montant de l’indemnité à verser, le cas échéant.

4. Préciser les conditions d’usage

Il est souvent pertinent de spécifier les conditions dans lesquelles le passage pourra s’exercer. Plus les conditions sont claires, plus il sera facile d’éviter les conflits entre voisins. Les éléments suivants peuvent être abordés dans le contrat :

  • Fréquence ou plage horaire des passages autorisés ;
  • Type de véhicules acceptés ;
  • Restrictions particulières selon les saisons ou l’état du sol.

Officialisation du droit de passage chez un notaire

5. Faire notarier et publier la servitude

La dernière étape consiste à faire intervenir un notaire. Celui-ci officialisera la servitude par acte notarié et assurera sa publication au Registre foncier du Québec. Cette formalité est essentielle : elle permet de rendre la servitude valide aux yeux de tous, y compris des futurs acheteurs des propriétés concernées.

Quels sont les droits et les obligations liés à une servitude de passage ?

L’établissement d’un droit de passage entraîne des responsabilités pour les deux parties. Le bénéficiaire de la servitude, tout comme le propriétaire du terrain sur lequel elle s’exerce, doit respecter certaines obligations prévues par le Code civil du Québec.

Quelle est la valeur ou le coût d'un droit de passage ?

Le propriétaire qui obtient un droit de passage doit verser une indemnité à celui qui l’accorde. Cette somme est convenue entre les parties et doit être proportionnelle aux inconvénients que le passage peut causer au fonds servant, en vertu de l’article 997 du Code civil.

La valeur de l’indemnisation peut varier selon plusieurs facteurs, notamment :

  • Les dommages causés par le morcellement du terrain ;
  • L’atteinte aux aménagements existants (végétation, sol, clôture, etc.) ;
  • La diminution de la valeur de la propriété affectée ;
  • L’emprise physique du droit de passage sur le terrain ;
  • Les honoraires des experts (arpenteur-géomètre, notaire, conseiller juridique, etc.).

Entretien et réalisation des travaux : qui est responsable ?

Le bénéficiaire de la servitude est responsable de tous les travaux nécessaires pour rendre la voie d’accès praticable, comme l’aménagement du chemin ou le nivellement du sol. Il doit également en assurer l’entretien courant afin d’éviter toute dégradation.

Ces travaux doivent être réalisés avec soin, dans le respect du terrain emprunté. Le propriétaire du fonds servant doit être informé à l’avance de tout aménagement majeur, afin qu’il puisse se préparer ou formuler des recommandations.

Dans certains cas, si plusieurs personnes bénéficient de la même servitude, les frais peuvent être partagés.

Route et droit de passage sur un terrain

Est-il possible de déplacer la voie d'accès ?

En principe, une servitude est fixe. Toutefois, le propriétaire du fonds servant peut en demander le déplacement, à condition :

  • D’en assumer l’ensemble des frais ;
  • De proposer un nouveau tracé aussi fonctionnel et accessible que l’original.

Ce changement ne peut pas restreindre l’usage de la servitude ou nuire aux droits du bénéficiaire.

Une remise en état des lieux, c'est possible ?

Selon les termes de l’entente ou à la fin de la servitude, le bénéficiaire peut être tenu de remettre les lieux dans leur état initial. Cette obligation vise à limiter les impacts durables sur le terrain ayant subi la servitude, en cas de cession du droit de passage.

Demande abusive : peut-on refuser ou contester un droit de passage ? 

Un propriétaire n’est pas obligé d’accepter une demande de droit de passage, surtout si celle-ci n’est pas justifiée par une nécessité réelle. Le droit de passage vise à permettre l’accès à une propriété enclavée, non à offrir un raccourci ou un confort supplémentaire.

Par exemple, vouloir utiliser la rampe de mise à l’eau d’un voisin pour y descendre un bateau simplement parce qu’on n’en possède pas une soi-même, ou demander un accès pour réduire la distance à parcourir, ne constitue pas une situation d’enclavement. Le voisin peut donc refuser la demande, et ce, de façon tout à fait légitime.

En revanche, si vous croyez que votre situation répond aux critères du Code civil, et que votre propriété est véritablement enclavée, vous pouvez présenter une demande devant la Cour supérieure. Le tribunal évaluera alors la pertinence du droit de passage demandé et pourra forcer le propriétaire du fonds servant à vous l’accorder.

L’intervention d’un arpenteur-géomètre est souvent utile pour démontrer la configuration des lieux. Selon la complexité du dossier, il peut aussi être judicieux de consulter un notaire ou un avocat pour faire valoir vos droits de manière adéquate.

Quelle est la durée d’un droit de passage ? 

Un droit de passage n’est pas toujours permanent. Il peut prendre fin dans plusieurs situations, selon les conditions prévues au contrat et l’évolution des circonstances. La fin de la servitude peut être automatique ou nécessiter certaines démarches, selon le cas. Voici les principaux motifs de fin d’un droit de passage :

  • Le terrain cesse d’être enclavé ou l’accès devient praticable par un autre chemin.
  • L’échéance prévue dans le contrat est atteinte.
  • Le bénéficiaire renonce volontairement à son droit.
  • Le propriétaire du fonds servant rachète le droit de passage.
  • Une seule et même personne devient propriétaire des deux terrains concernés (fonds dominant et fonds servant).

Il y a également une notion importante en droit québécois : la prescription extinctive. De règle générale, si le droit de passage n’est pas utilisé selon sa fonction prévue pendant une période de 10 ans, il peut être réputé prescrit. Par exemple, si une voie d’accès autorisait le passage de véhicules, mais qu’elle n’a été utilisée que pour un usage de nature piétonnière pendant une décennie, le droit de circuler en voiture pourrait être considéré comme éteint.

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