Face à la pression croissante sur le marché immobilier, à la hausse du coût de la vie et à l’évolution des structures familiales, de nombreuses familles québécoises s’intéressent davantage à des solutions d’habitation alternatives. Dans ce contexte, les projets intergénérationnels séduisent un nombre grandissant de ménages à la recherche de solutions plus humaines, plus économiques et mieux adaptées à leur réalité.
Qu’il s’agisse d’offrir un espace de vie à des grands-parents vieillissants, d’accompagner un jeune adulte en transition ou de rapprocher les générations sous un même toit, ces projets permettent de concilier proximité, entraide et respect de l’autonomie de chacun. Ils représentent une alternative concrète à l’achat ou à la location traditionnelle, tout en renforçant les liens familiaux.
Mais vivre à plusieurs dans un même espace demande une réflexion approfondie et une bonne planification. En effet, même si l’idée est séduisante, sa mise en œuvre comporte plusieurs défis. Entre aménagements physiques, cadre légal et ententes familiales, chaque projet intergénérationnel doit être soigneusement planifié pour répondre aux besoins de tous.
Mise au point : qu’est-ce qu’un projet intergénérationnel ?
Un projet résidentiel intergénérationnel ne se résume pas simplement au fait de vivre sous le même toit. Il s’agit d’aménager, ou de repenser, un lieu de vie pour permettre à plusieurs générations d’une même famille de cohabiter, tout en préservant l’équilibre entre intimité, autonomie et proximité.
Quelle que soit la formule envisagée, un projet intergénérationnel doit être mûrement réfléchi. Il implique de considérer, dès le départ, les aspects architecturaux, financiers, juridiques et relationnels pour assurer un équilibre durable entre les générations.
Et au sens de la loi québécoise ?
Au Québec, les projets multigénérationnels peuvent bénéficier d’un statut reconnu, mais cette reconnaissance dépend entièrement des règlements municipaux en vigueur. Il n’existe pas de cadre provincial uniforme : chaque ville ou municipalité établit ses propres règles concernant l’aménagement, l’occupation et la conformité de ce type d’habitation.
Dans plusieurs municipalités, une maison intergénérationnelle est permise à condition de respecter certains critères, parmi les plus fréquemment rencontrés :
- Deux logements distincts et autonomes : chaque unité doit comprendre au minimum une cuisine, une salle de bain, une chambre et une entrée indépendante ou semi-indépendante.
- Une communication intérieure facultative : les deux unités peuvent être reliées par un escalier intérieur, mais doivent pouvoir fonctionner de manière entièrement autonome, sans interdépendance.
- Permis et autorisation requis : une déclaration officielle ou un permis spécifique est souvent exigé, que ce soit pour une construction neuve ou la conversion d’un bâtiment existant.
- Conditions additionnelles possibles : certaines municipalités imposent des exigences supplémentaires, comme une superficie habitable minimale, un nombre précis de cases de stationnement ou encore une condition d’occupation stipulant que l’un des logements doit être habité par un membre de la famille immédiate du propriétaire.
Il est important de noter que ces exigences varient considérablement d’un territoire à l’autre. Une municipalité peut permettre ce type de projet avec des conditions relativement souples, tandis qu’une autre l’encadrera plus rigoureusement, voire ne l’autorisera pas du tout. À ce jour, aucune législation provinciale ne standardise la définition ou les modalités d’un projet intergénérationnel à l’échelle du Québec.
Bon à savoir : une maison intergénérationnelle reconnue légalement ne doit pas être confondue avec un simple logement aménagé pour un proche au sous-sol. Pour bénéficier d’un statut officiel, essentiel en cas de revente ou pour accéder à certains avantages fiscaux, il est impératif de se conformer aux règlements municipaux en vigueur. En cas de doute, la première étape est toujours de valider la faisabilité du projet auprès du service d’urbanisme de sa municipalité.
Quels sont les avantages et les inconvénients de ce type de projet ?
Adopter un mode de vie intergénérationnel peut offrir de nombreux bénéfices, mais il comporte aussi certains défis. Avant de se lancer, il est essentiel de bien peser les pour et les contre afin d’assurer une cohabitation harmonieuse et durable. Voici un aperçu des principaux éléments à considérer :
| Avantages | Inconvénients |
|---|---|
| Répartition des charges financières : les coûts liés à l’hypothèque, à la mise de fonds, aux taxes et à l’entretien peuvent être partagés entre les membres de la famille. | Intimité réduite : une séparation insuffisante des espaces peut générer une sensation de promiscuité. |
| Entraide au quotidien : soutien pour la garde des enfants, assistance aux aînées, partage des responsabilités familiales. | Modes de vie incompatibles : différences de rythme, de bruit ou d’organisation peuvent créer des tensions. |
| Meilleure gestion du temps : la proximité réduit les déplacements pour offrir du soutien ou maintenir les liens familiaux. | Risques de conflits : une cohabitation sans balises claires peut entraîner des malentendus ou des désaccords. |
| Solidification des liens familiaux : vivre ensemble favorise la communication, le sentiment d’appartenance et la solidarité intergénérationnelle. | Contraintes réglementaires : exigences en matière de zonage, de permis et de fiscalité pouvant alourdir les démarches. |
| Valeur de revente intéressante : certaines configurations intergénérationnelles bien conçues peuvent attirer des acheteurs à la recherche de ce type d’habitation. | Moins de flexibilité à long terme : l’évolution des besoins familiaux peut rendre la configuration moins adaptée. |
Voici 5 types de projets intergénérationnels
Il n’existe pas qu’une seule manière de concrétiser un projet de maison intergénération. Chaque famille peut adapter cette formule selon ses besoins en intimité, son budget et son mode de vie. Que l’on souhaite une proximité quotidienne ou une autonomie plus marquée, plusieurs configurations sont possibles.
Voici cinq modèles de maison bigénération parmi les plus couramment réalisés au Québec, chacun offrant un équilibre différent entre cohabitation et intimité.
1. Appartement indépendant au sous-sol ou annexe attenante
Il s’agit souvent de la solution la plus simple et la plus abordable pour adapter une maison existante à une cohabitation intergénérationnelle. Qu’il s’agisse d’un sous-sol aménageable ou d’une extension attenante à la résidence principale, cet espace peut être transformé en logement autonome avec entrée indépendante ou semi-privée, salle de bain complète, coin cuisine et chambre fermée.
Ce type de configuration convient particulièrement à un parent âgé encore autonome ou semi-autonome, qui souhaite préserver son intimité tout en restant à proximité de sa famille pour bénéficier d’un soutien ponctuel.
Bon à savoir : si le logement est reconnu comme une unité distincte pour la municipalité, il peut ouvrir droit à certains avantages fiscaux, notamment un crédit d’impôt pour le maintien à domicile ou l’accès à des subventions liées à l’adaptation du domicile.
2. Maison jumelée de type bigénération
Dans certains cas, une maison jumelée classique peut être adaptée pour accueillir deux générations sous un même toit, tout en conservant une certaine autonomie de part et d’autre. Chaque unité dispose de ses propres espaces de vie, ce qui en fait une option intéressante pour les familles qui souhaitent vivre à proximité, sans partager les pièces du quotidien.
Pour faciliter les échanges, tout en maintenant une certaine séparation, il est possible d’aménager une communication intérieure, par exemple :
- Une porte communicante entre deux pièces mitoyennes ;
- Un accès commun par un vestibule d’entrée ou un hall d’entrée partagé.
Ce type d’aménagement constitue un compromis intéressant pour les familles souhaitant encourager la proximité sans vivre dans un espace entièrement partagé.
À noter : pour qu’une maison jumelée convertie en bigénération soit reconnue officiellement, elle doit respecter les critères imposés par le zonage municipal. Avant d’entreprendre des modifications, il est essentiel de consulter les autorités locales pour valider la conformité du projet.
3. Duplex ou triplex familial
Une autre option consiste à acheter un immeuble à revenus, comme un duplex ou un triplex, occupé exclusivement par des membres d’une même famille. Chaque génération dispose de sa propre unité, entièrement autonome sur le plan légal.
Bien que chacun vive dans un espace séparé, les copropriétaires peuvent partager certains frais d’entretien communs, comme les taxes municipales, les travaux sur la toiture ou l’entretien des espaces extérieurs, ce qui en fait une solution à la fois pratique et avantageuse sur le plan économique. Ce modèle est particulièrement adapté aux familles nombreuses ou multigénérationnelles qui souhaitent conserver leur indépendance tout en cohabitant dans un même immeuble.
À noter : ce type de configuration offre une plus grande simplicité juridique, puisque chaque logement est reconnu comme une unité à part entière. Cela facilite les démarches en cas de revente ou de refinancement.
4. Pavillon secondaire ou annexe sur un grand terrain
Lorsqu’un terrain résidentiel est suffisamment vaste, il est parfois possible d’y ajouter une petite habitation autonome, aussi appelée Unité d’habitation accessoire (UHA). Cette construction secondaire, comme une mini-maison par exemple, peut servir à loger un parent âgé, un jeune adulte en transition ou tout autre membre de la famille, dans un cadre à la fois indépendant et proche de la résidence principale.
Généralement située à l’arrière ou sur le côté de la maison existante, cette annexe comprend toutes les commodités essentielles : cuisine, salle de bain, chambre et espace de vie. Elle permet à son occupant de conserver une pleine autonomie, tout en demeurant à proximité des proches pour un soutien mutuel au besoin.
À vérifier : ce type de projet est strictement encadré par les règlements municipaux. Il faut valider les conditions de zonage, les dimensions maximales et minimales autorisées, les exigences en matière de branchement ainsi que la possibilité d’obtenir une dérogation si nécessaire. Certaines municipalités exigent également que l’unité soit occupée par un membre de la famille immédiate.
5. Mini-quartier familial sur un même lot
Dans un contexte rural ou en périphérie des grands centres, certaines familles choisissent d’acheter ensemble un terrain de très grande superficie, avec l’objectif d’y construire plusieurs maisons individuelles pour chaque génération. Il s’agit de créer un quartier privé familial, où chaque membre dispose de sa propre résidence, entièrement indépendante, toute en vivant à proximité les uns des autres.
Ce modèle favorise l’intimité et l’autonomie de chacun, tout en offrant un cadre de vie commune propice aux échanges, au soutien à la solidarité intergénérationnelle. Il s’adresse particulièrement aux familles qui envisagent une cohabitation à long terme, sans partager un même bâtiment.
À prévoir : ce type de projet nécessite une coordination rigoureuse dès le départ. Il peut impliquer des démarches complexes liées au lotissement, à la copropriété, ou à la gestion commune d’infrastructures. Un accompagnement juridique et municipal est fortement recommandé.
FAQ — Projet de maison intergénérationnelle
Quelles subventions est-il possible d’obtenir pour un projet résidentiel bigénération au Québec ?
Selon la nature du projet, certains programmes municipaux ou provinciaux peuvent offrir une aide financière. Il peut s’agir de subventions pour l’adaptation du domicile, de crédits d’impôt pour le maintien à domicile des aînés ou d’aides à la rénovation. Il est essentiel de consulter sa municipalité ou un conseiller en habitation pour connaître les programmes accessibles localement.
Quels sont les avantages fiscaux d’une maison bigénération ?
Si le logement est reconnu comme une unité distincte, il peut donner droit à des avantages fiscaux, comme un crédit d’impôt pour proches aidants ou un allègement sur certaines taxes. L’accessibilité à ces avantages dépend du respect des exigences municipales et fiscales. La reconnaissance officielle du logement est donc primordiale.
Est-il possible de transformer une maison unifamiliale en maison intergénérationnelle ?
Oui, à condition d’obtenir l’autorisation de la municipalité et de respecter la réglementation en vigueur. Une validation auprès du service d’urbanisme est indispensable avant d’entamer les travaux de rénovation.
Quel type de réglementation encadre la mise sur pied d’un projet de maison bigénération ?
Le cadre réglementaire varie d’une municipalité à l’autre. Certaines acceptent ce type d’habitation sous conditions précises, d’autres l’interdisent. Aucun règlement provincial ne standardise la démarche. La conformité au zonage, aux exigences architecturales et aux normes de sécurité doit être vérifiée localement.
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