19 nov. 2025reading time icon7 min

Pourquoi le flip immobilier est-il mal perçu au québec?

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Katarina LacosteKatarina Lacoste
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Pourquoi le flip immobilier est-il mal perçu au québec?
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Le flip immobilier, soit l’achat d’une maison, suivie de rénovations rapides dans le but de la revendre à profit, est une pratique bien connue dans le secteur résidentiel. Au cours des dernières années, elle a gagné en visibilité grâce à certaines émissions télévisées qui nourrissent l’idée d’une formule accessible pour générer un revenu supplémentaire.

Au Québec, cette stratégie suscite toutefois des réactions partagées. Pour certains, elle représente une façon légitime de remettre en valeur des bâtiments négligés et de stimuler l’investissement privé. Pour d’autres, elle soulève des préoccupations bien réelles : spéculation immobilière, qualité douteuse des rénovations, hausse des prix sur le marché immobilier et accès à la propriété de plus en plus difficile pour les ménages.

Pourquoi une méthode pourtant légale est-elle aussi mal perçue dans l’opinion publique ? Est-ce le concept lui-même qui dérange ou les pratiques parfois observées sur le terrain ?  Cet article propose de mieux comprendre ce qui alimente ces perceptions négatives, en explorant les causes réelles ou perçues de cette méfiance.

Qu’est-ce que le flip immobilier au Québec ? Définition

Au Québec, le flip immobilier désigne une opération d’achat-revente effectuée sur une courte période, dans le but de réaliser un profit après avoir effectué des rénovations sur la propriété. Il ne s’agit généralement pas d’un projet résidentiel destiné à y habiter, mais bien d’un investissement à court terme, souvent complété en moins d’un an.

Cette stratégie repose sur la capacité à repérer des propriétés offrant un bon potentiel de revalorisation, que ce soit en raison de leur état, de leur emplacement ou de leur prix d’achat, puis à effectuer des travaux pour en augmenter la valeur marchande.

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Pourquoi le flip est-il mal perçu ? Une perception nourrie par plusieurs facteurs

Au Québec, la méfiance envers le flip immobilier ne repose pas sur un seul élément. Elle découle plutôt d’un ensemble de réalités économiques et sociales qui, mises bout à bout, donnent à cette pratique une image parfois négative. Plusieurs enjeux reviennent régulièrement dans les discussions publiques et contribuent à façonner cette perception.

1. Une pratique associée à la spéculation immobilière

Le flip est souvent vu comme un moteur de spéculation. Dans un marché immobilier résidentiel déjà sous pression, la multiplication des achats effectués dans l’unique but de la revendre à profit peut contribuer à faire monter les prix, notamment dans les quartiers populaires ou les secteurs en revitalisation. À long terme, cette perception alimente l’idée que le flip déstabilise le marché plutôt que de le soutenir.

2. Des rénovations parfois bâclées ou superficielles

L’un des reproches les plus fréquents envers les flips immobiliers concerne la qualité des travaux réalisés. Dans une logique de rentabilité rapide, il arrive que certains investisseurs priorisent la vitesse d’exécution et la réduction des coûts au détriment de la durabilité des travaux effectués dans le cadre du flip. Cela peut se traduire par l’utilisation de matériaux bon marché, une exécution précipitée ou le recours à de la main-d’œuvre peu qualifiée.

Les rénovations effectuées visent parfois davantage à améliorer l’apparence générale du bien qu’à corriger ses problématiques structurelles ou mécaniques. Le résultat ? Des transformations esthétiques qui masquent des défaillances importantes : isolation déficiente, plomberie vieillissante, électricité non mise aux normes, etc.

Pour les acheteurs, ces lacunes se traduisent souvent par des réparations coûteuses et parfois même par des recours légaux en raison de vices cachés. Dans ces situations, le sentiment d’avoir réalisé un bon investissement laisse place à une impression d’avoir été induit en erreur.

3. Une concurrence accrue pour les familles et les premiers acheteurs

Dans un marché où l’inventaire de propriétés est limité, chaque nouvelle inscription immobilière attire rapidement de nombreux acheteurs. Dans ce contexte, les investisseurs spécialisés en flip sont souvent perçus comme des compétiteurs redoutables, notamment pour les familles et les premiers acheteurs qui cherchent une résidence principale.

Leur accès facilité au financement, qu’il s’agisse d’équité, de prêteurs privés ou de solutions non traditionnelles, leur permet de réagir rapidement, de présenter des offres sans condition et souvent bien au-delà du prix affiché. Leur connaissance du marché, jumelée à une plus grande tolérance au risque, leur donne une longueur d’avance sur les acheteurs résidentiels.

Résultat : la compétition s’intensifie, les prix grimpent, et les ménages qui souhaitent s’installer à long terme peinent de plus en plus à suivre le rythme. Pour plusieurs, le rêve d’accès à la propriété semble s’éloigner.

Des pratiques encadrées, mais pas toujours transparentes

Bien que le flip immobilier soit tout à fait légal au Québec, il est encadré par plusieurs obligations réglementaires. Les investisseurs doivent notamment respecter les normes du Code de construction du Québec, obtenir les permis municipaux requis pour les travaux, divulguer les rénovations effectuées à l’acheteur et déclarer les revenus générés par la revente.

Dans les faits, ces règles ne sont pas toujours suivies de manière rigoureuse. Il arrive que certains investisseurs procèdent à des rénovations sans permis, omettent de déclarer certains gains imposables ou négligent de faire inspecter adéquatement la maison avant sa remise en marché. 

Ce manque de transparence, qu’il soit volontaire ou non, contribue à entretenir la méfiance du public envers cette pratique. Pour les acheteurs, il devient plus difficile de distinguer un projet bien exécuté d’une opération strictement orientée vers le profit à court terme.

Plan maison

Impôt et flip d’une maison : quelle est la loi anti-flip au Québec ?

Depuis le 1er janvier 2023, une mesure fiscale s’applique à la revente rapide de propriétés résidentielles au Canada, incluant le Québec. Cette nouvelle règle anti-flip, instaurée par le gouvernement fédéral, vise à limiter les reventes spéculatives à court terme en modifiant le traitement fiscal des profits générés.

Concrètement, si un immeuble résidentiel est revendu dans les 365 jours suivant son acquisition, le profit réalisé est automatiquement considéré comme un revenu d’entreprise imposable à 100 %. Il ne pourra donc pas être traité à titre de gain en capital ordinaire, dont seulement 50 % est normalement imposable. Cette règle s’applique même si la propriété a été habitée à titre de résidence principale, alors que ces dernières sont habituellement entièrement exemptées d’impôt.

Des exceptions sont toutefois prévues dans certains cas, notamment en cas de :

  • Décès du propriétaire ou d’un proche ;
  • Séparation ou de divorce ;
  • Perte d’emploi ou de relocalisation ;
  • Naissance ou d’adoption d’un enfant ;
  • Maladie grave ou d’incapacité ;
  • Situation d’insolvabilité ;
  • Menace à la sécurité personnelle.

Cette mesure n’interdit pas la pratique du flip immobilier, mais elle réduit l’intérêt fiscal lorsqu’il s’agit de reventes très rapides. L’objectif est de favoriser une plus grande stabilité dans le marché résidentiel et de limiter l’influence des stratégies de revente à court terme sur la hausse des prix.

Flipper une maison et la vendre : une stratégie qui peut être légitime… si elle est bien encadrée

Malgré les critiques qu’elle suscite, la pratique du flip immobilier n’est pas fondamentalement problématique. Tout dépend de l’intention derrière le projet, de la qualité des travaux réalisés et du respect des règles en vigueur. Lorsqu’elle est menée de façon rigoureuse, avec transparence et souci du long terme, cette stratégie peut même contribuer positivement à l’environnement bâti. Un flip bien exécuté peut, par exemple :

  • Revitaliser des secteurs en déclin ;
  • Remettre en état des bâtiments négligés ou abandonnés ;
  • Augmenter l’offre de logements rénovés, sécuritaires et conformes aux normes actuelles.

Ce qu’on appelle un flip éthique repose sur des rénovations de qualité, une communication honnête avec les acheteurs, le respect des obligations légales et fiscales, ainsi qu’une volonté réelle d’améliorer la maison plutôt que de simplement maximiser le profit.

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