Les toits verts, ces espaces végétalisés intégrés sur la toiture des bâtiments, suscitent de plus en plus d’intérêt au Québec. Ils offrent une solution à la fois innovante et durable face aux défis environnementaux, tout en apportant une touche de verdure dans nos paysages urbains.
Dans un monde où le réchauffement climatique et l’urbanisation rapide font pression sur l’environnement, les toitures végétalisées se positionnent comme une réponse prometteuse aux enjeux de développement durable. Mais qu’en est-il vraiment des toits verts au Québec ? Quels sont leurs avantages, leurs limites et la réglementation qui les encadre ? Explorons tout ce qu’il faut savoir sur cette pratique en pleine expansion.
Qu’est-ce qu’un toit vert ?
Un toit vert, également connu sous le nom de toit végétal ou toiture végétalisée, consiste à aménager un espace végétal sur le toit d’un bâtiment. Cela peut varier d’une simple couverture herbacée à un jardin plus élaboré. Ce type d’aménagement présente de nombreux avantages écologiques, économiques et esthétiques.
Bien que l’idée des toits verts se développe progressivement au Québec, ils sont encore principalement adoptés dans les secteurs institutionnel et commercial, plutôt que résidentiel.
Cela dit, il existe deux types principaux de toits verts :
1. Toits verts intensifs
Les toits verts intensifs comportent une végétation dense et variée, incluant des herbes, des arbustes, des arbres et parfois même des jardins potagers. Ils nécessitent une structure plus robuste pour supporter la charge supplémentaire, ainsi qu’un entretien plus fréquent pour maintenir les plantes en bonne santé.
2. Toits verts extensifs
Plus légers et demandant moins d’entretien, les toits verts extensifs sont composés d’une couche végétale plus mince, avec des plantes résistantes telles que des herbes, des mousses et des plantes succulentes. Le toit vert extensif est souvent privilégié pour sa simplicité et son efficacité.
Quels sont les avantages de l’aménagement d’une toiture verte ?
Un toit vert offre de nombreux avantages, tant environnementaux qu’énergétiques. En voici quelques-uns :
1. Filtration de l’air
Les toits verts jouent un rôle essentiel dans la purification de l’air. Les plantes présentes sur ces toitures agissent comme de véritables filtres naturels, capturant et absorbant les particules polluantes ainsi que les gaz nocifs présents dans l’atmosphère. Ce processus de filtration contribue à améliorer la qualité de l’air, un avantage particulièrement précieux dans les zones urbaines où la pollution de l’air peut atteindre des niveaux préoccupants.
2. Régulation thermique de la maison
Les toits verts ont également un rôle clé dans l’isolation thermique des bâtiments. En été, la végétation contribue à limiter la chaleur qui pénètre dans le bâtiment en absorbant une partie du rayonnement solaire et en évaporant l’humidité. Cela permet de réduire la température intérieure, diminuant ainsi le besoin de climatisation et entraînant des économies d’énergie considérables.
En hiver, un toit végétalisé sert également d’isolant naturel, créant une barrière thermique qui aide à maintenir une température agréable à l’intérieur du bâtiment, réduisant ainsi les besoins en chauffage.
3. Gestion des eaux de pluie
Les toits végétalisés contribuent activement à la gestion des eaux de pluie en captant une grande partie de précipitations. L’eau n’est pas directement évacuée, mais est absorbée par le substrat et les plantes, ce qui réduit le volume de ruissellement susceptible de saturer les systèmes d’égouts.
En plus de retenir l’eau, ces toits aident à prévenir l’érosion des sols et à réduire la pollution de l’eau, puisque les plantes filtrent naturellement les eaux de pluie avant qu’elles ne soient évacuées.
4. Réduction des îlots de chaleur urbains
Les toits verts sont particulièrement efficaces pour lutter contre les effets des îlots de chaleur urbains, un phénomène fréquent dans les milieux urbains où les surfaces imperméables telles que le béton et l’asphalte absorbent et retiennent la chaleur.
Grâce à l’absorption d’une partie du rayonnement solaire et à l’évaporation de l’humidité par transpiration, les plantes sur un toit végétalisé agissent comme des régulateurs thermiques naturels.
5. Valorisation de la propriété
Avec l’augmentation croissante de la conscience écologique, de plus en plus d’acheteurs cherchent des options plus durables et respectueuses de l’environnement. Dans ce contexte, l’installation d’un toit vert peut considérablement contribuer à l’augmentation de la valeur d’une propriété, non seulement en raison de son esthétique unique, mais aussi grâce à ses nombreux avantages écologiques.
6. Augmentation de la durée de vie de la toiture
Les toits verts jouent un rôle clé dans l’allongement de la durée de vie de la toiture en agissant comme une barrière protectrice pour la membrane d’étanchéité. La végétation, le substrat et les autres éléments qui composent le toit végétalisé absorbent les impacts des intempéries, notamment les rayons UV, la pluie, la neige et les variations de température.
7. Alternative à l’agriculture traditionnelle
Les toits végétalisés, en particulier dans leur version intensive, représentent une solution innovante pour l’agriculture urbaine résidentielle. Ces espaces peuvent être transformés en potagers, offrant ainsi aux propriétaires la possibilité de cultiver leurs propres fruits, légumes et herbes directement sur le toit.
Quels sont les inconvénients d’un toit végétalisé ?
Bien que les toits végétalisés présentent de nombreux avantages, ils comportent également certains inconvénients à prendre en compte :
1. Coût initial élevé
L’installation d’un toit végétalisé représente un investissement conséquent en raison de la complexité de l’aménagement, des matériaux spécifiques, de la superficie et du type de végétation choisi. Ce coût initial peut être un frein pour certains propriétaires, même si les avantages à long terme peuvent compenser cet investissement.
2. Exigence d’assurance et certifications
Les compagnies d’assurance habitation peuvent percevoir un toit végétalisé comme un risque supplémentaire. Par conséquent, elles peuvent exiger que l’installation respecte des critères techniques stricts en matière d’étanchéité et de sécurité.
Dans certains cas, il pourrait être nécessaire d’obtenir une certification professionnelle pour garantir la conformité du toit végétal, ce qui peut entraîner des frais supplémentaires pour l’installation et l’entretien, augmentant ainsi le coût global du projet.
3. Nécessité d’un accès sécurisé au toit
Un toit végétalisé nécessite un accès sécurisé et adapté pour son entretien, sa surveillance et les réparations éventuelles. Cela peut impliquer l’installation d’un accès permanent pour garantir la sécurité des personnes intervenant sur le toit et faciliter l’entretien des plantes.
Ce type d’aménagement, bien qu’essentiel pour son entretien, peut entraîner des coûts supplémentaires et doit être anticipé dès la conception du toit afin de respecter les normes de sécurité en vigueur.
4. Durabilité limitée de la membrane imperméable
Bien que les toits végétalisés soient conçus pour être étanches, la membrane imperméable qui empêche les fuites d’eau n’est pas éternelle. Avec le temps, elle peut se détériorer en raison des conditions climatiques, de l’humidité constante et de l’impact des racines des plantes.
En règle générale, cette membrane devra être remplacée tous les 30 à 50 ans, ce qui implique des coûts supplémentaires pour la préservation à long terme du toit.
5. Considérations écologiques supplémentaires
Malgré les nombreux avantages écologiques des toits végétalisés, certaines préoccupations demeurent. Par exemple, les membranes utilisées pour assurer l’étanchéité du toit peuvent être fabriquées à partir de matériaux non biodégradables, comme le PVC, qui peut libérer des substances chimiques.
De plus, le système d’irrigation nécessaire pour maintenir le toit vert en bon état peut entraîner une consommation d’eau importante, ce qui peut poser problème dans les régions où l’eau est une ressource limitée.
Les composantes d’un toit vert : comment ça fonctionne ?
Un toit vert se compose de plusieurs éléments essentiels qui travaillent ensemble pour assurer la stabilité, l’étanchéité, l’isolation thermique et la santé des plantes. Voici les principaux composants d’un toit végétalisé :
- Charpente et isolant : la charpente soutient l’ensemble de la structure du toit et répartit le poids des plantes et des substrats. L’isolant, quant à lui, joue un rôle crucial en garantissant une isolation thermique optimale, empêchant la perte de chaleur en hiver et maintenant la fraîcheur à l’intérieur pendant l’été.
- Membrane imperméable : cette membrane est placée pour empêcher l’humidité de pénétrer dans la structure du bâtiment. Elle assure l’étanchéité du toit et protège ainsi les matériaux de construction contre l’eau, la moisissure et la dégradation.
- Écran anti-racines : située au-dessus de la membrane imperméable, cette couche est conçue pour empêcher les racines des plantes de pénétrer et d’endommager l’étanchéité du toit. Cela permet de maintenir l’intégrité de la structure et d’éviter les fuites éventuelles.
- Système de drainage : le système de drainage évacue l’excès d’eau qui s’accumule sur le toit. Il empêche l’eau de stagner et évite des problèmes comme la surcharge, l’humidité ou les fuites pouvant endommager la structure du bâtiment.
- Réservoirs de stockage : bien qu’optionnels, certains toits verts intègrent des réservoirs pour collecter et stocker l’eau de pluie. Ces réservoirs permettent d’irriguer les plantes en période sèche, contribuant ainsi à une gestion efficace de l’eau et à la durabilité du système.
- Membrane géotextile : cette membrane retient le substrat, tout en permettant à l’eau et à l’air de circuler, ce qui est essentiel pour la croissance des racines des plantes.
- Substrat : le substrat est un mélange de matériaux comme de la terre, du sable et du gravier. Il fournit un support adéquat à la végétation, tout en étant léger, perméable et capable de retenir l’humidité nécessaire. De plus, il permet un drainage optimal pour éviter l’engorgement
- Végétaux : les plantes choisies pour un toit vert doivent être adaptées au climat local, au type de sol et aux besoins d’entretien. Il peut s’agir de plantes résistantes à la sécheresse comme les sedums et les mousses, ainsi que des herbes, de légumes pour les toits potagers et parfois même d’arbustes ou d’arbres pour les toits verts intensifs.
Les hivers du Québec : comment construire une toiture végétalisée adaptée ?
Le climat hivernal rigoureux du Québec présente des défis spécifiques pour l’entretien et la performance des toits verts. Afin de garantir leur durabilité et leur efficacité pendant l’hiver, plusieurs éléments doivent être pris en compte :
- Choix des plantes adaptées au climat du Québec
Pour un toit vert au Québec, il est essentiel de choisir des plantes capables de résister aux conditions climatiques rigoureuses. Bien que le toit vert ne soit pas pleinement fonctionnel pendant l’hiver, il est important de privilégier des espèces résistantes aux températures froides, aux variations soudaines de température et à l’accumulation de neige.
- Support de la neige
Le toit doit être conçu pour supporter la charge supplémentaire de neige et de glace durant l’hiver. Cela nécessite de renforcer la structure afin qu’elle puisse supporter le poids sans compromettre la stabilité du bâtiment.
- Gestion de l’eau de fonte
Un système de drainage efficace est crucial pour gérer l’eau de fonte en hiver. Si le drainage n’est pas adéquat, l’eau peut stagner et créer une charge supplémentaire sur le toit, augmentant ainsi le risque de fuites ou de dommages à la structure du bâtiment.
- Préparation saisonnière
Avant l’arrivée de l’hiver, il est important de préparer le toit vert en vérifiant le bon fonctionnement du système de drainage et en procédant à toutes les réparations nécessaires sur la membrane d’étanchéité. Il convient également de nettoyer le toit pour enlever les débris et les feuilles mortes afin d’éviter toute obstruction du drainage et garantir une circulation d’air optimale.
Le Code de la construction du Québec : que prévoit la loi ?
Puisque le toit végétalisé n’est pas encore officiellement intégré dans le Code de la construction, c’est la Régie du bâtiment du Québec (RBQ) qui en assure actuellement l’encadrement. La RBQ a établi des lignes directrices et des normes spécifiques pour faciliter la réalisation de ces toitures.
La Loi sur le bâtiment a pour objectif d’assurer la qualité des bâtiments et des équipements, tout en garantissant la sécurité des personnes qui y accèdent. Conformément à celle-ci, tout bâtiment soumis à sa réglementation doit être conçu et construit selon les exigences qu’il définit.
Ainsi, le guide fourni par la RBQ détaille les critères techniques à respecter pour la construction d’un toit vert, en mettant particulièrement l’accent sur la sécurité, la durabilité et la viabilité des installations.
Prix : faire l’installation d’un toit végétal à la maison, combien ça coûte ?
Au Québec, le coût de l’installation d’un toit vert peut varier considérablement en fonction de plusieurs critères tels que la superficie, le type de toiture choisie (extensif ou intensif), la complexité du projet, la main-d’œuvre nécessaire ainsi que la qualité des matériaux utilisés.
En moyenne, un toit au Québec mesure environ 2 000 pieds carrés. Pour un toit végétal, les prix varient entre 15 $ et 40 $ par pied carré, tandis qu’un toit en bardeau d’asphalte coûte généralement entre 3 $ et 9 $ par pied carré.
Voici donc une estimation des coûts en fonction de la superficie de votre toit :
- 1000 pieds carrés : environ 30 000 $ ;
- 1500 pieds carrés : environ 45 000 $ ;
- 2000 pieds carrés : environ 60 000 $.
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