De plus en plus de gens connaissent le principe des imprimantes 3D, qui permettent d’imprimer un objet en trois dimensions à partir d’un filament de matière. Mais saviez-vous que ce même principe peut aussi être déployé à plus grande échelle pour construire une maison? Les maisons imprimées en 3D sont bel et bien une réalité!
Bien qu’elles n’en soient encore qu’à leur balbutiement, ces types d’habitations font déjà des remous dans les secteurs de la construction et du logement. Car les promesses qui les accompagnent sont grandes et nombreuses :
- Un temps de construction plus rapide ;
- Un coût moins élevé ;
- Une excellente durabilité ;
- Une conception plus écologique ;
- Une solution à la pénurie de logements et de main-d’œuvre.
Mais qu’en est-il réellement? On vous présente un tour d’horizon sur le phénomène des maisons imprimées en 3D.
Photo : première maison imprimée en 3D en Allemagne, PERI
Qu’est-ce qu’une maison imprimée en 3D?
Pour ce type d’habitation, le bâtiment est d’abord conçu de façon numérique. Une machine spécialisée imprime ensuite, sur site ou hors site, les structures nécessaires.
Le principe d’une maison imprimée en 3D s’apparente donc fortement à celui d’une imprimante 3D habituelle. Couche par couche, une machine imprime la structure selon le schéma numérisé. La différence principale concerne la matière qui sert à créer la charpente.
Une pâte spéciale est poussée à travers un bras robotisé ou une buse. Cette pâte est généralement à base de béton ou de mortier. Le matériau utilisé doit avoir des propriétés très spécifiques et une consistance différente du béton traditionnel. Il doit être assez liquide pour être manipulé par la machine, tout en étant assez ferme et consistant pour recevoir la couche suivante.
Ce procédé automatisé et innovant permettrait d’ériger une maison en quelques heures ou quelques jours seulement. Il semble donc réellement pouvoir révolutionner le secteur de l’habitation. Mais est-ce vraiment le cas?
Avantages et inconvénients des maisons par impression 3D
Comme tout type d’habitation, les maisons imprimées en 3D ont elles aussi leurs avantages et leurs inconvénients. Voici les principaux.
Photo : House Zero, Casey Dunn, ICON
Un design unique
En raison de la technique utilisée, les maisons peuvent prendre des formes uniques. L’impression 3D permet de construire des lignes courbes et des murs complexes sans plus d’effort que pour une forme traditionnelle.
En outre, faire imprimer sa maison permettrait de choisir virtuellement un modèle prédéfini et de la convertir rapidement en réalité sur n’importe quel site.
Le temps de construction
Le principe de l’impression 3D promet d’ériger une maison, de la fondation jusqu’au toit, rapidement. Selon les dimensions souhaitées, vous pourriez donc avoir une maison entière en l’espace de quelques heures ou de quelques jours.
Cette rapidité accrue du processus est entre autres due au fait que les opérations de coffrage et de décoffrage sont supprimées. En plus, seulement quelques employés sont requis pour opérer la machine et surveiller le déroulement de l’opération, ce qui réduit grandement le besoin de personnel.
Mais cette promesse de rapidité tient-elle réellement la route? Selon Écohabitation, malgré les nombreuses mentions de construction en 24 heures, « nul projet n’a pu démontrer un tel record ». Les chiffres sont ainsi bien loin de la réalité, puisque ceux-ci ne prennent en compte que la charpente. Les fondations, le toit, les fenêtres, l’isolation, la plomberie, etc., ne sont jamais pris en compte dans les calculs.
Toujours selon Écohabitation, l’impression 3D ne prendrait donc en charge que 20 % à 25 % du bâtiment entier, alors que les méthodes conventionnelles resteraient responsables de 75 % à 80 % de la construction.
Ainsi, si quelques heures seulement sont requises pour imprimer les murs de béton, le chantier de construction pour finaliser la maison a les mêmes délais qu’une maison traditionnelle et n’est pas plus rapide qu’une maison préfabriquée.
Photo : Maison Fibonacci, première au Canada, en Colombie-Britannique, Twente Additive Manufacturing
L’impact écologique
Qu’en est-il de l’impact écologique des maisons imprimées en 3D? Elles ont encore du chemin à faire!
En effet, il faut savoir que la construction de ce type d’habitation utilise principalement du béton, du ciment et du plastique. Ce sont là des matériaux qui ont un lourd impact environnemental.
Évidemment, il existe toujours des façons de rendre l’un ou l’autre de ces matériaux plus écoresponsables, en optant pour du béton « écolo », en diminuant la proportion de ciment utilisée ou en utilisant du plastique recyclé par exemple. Mais, en ce qui concerne l’impact carbone, le bois reste encore la matière parmi les plus écologiques.
Vous aimeriez une habitation qui fait du bien à la planète? Découvrez les types de maisons écologiques au Québec.
L’isolation d’une maison 3D
Pour une maison imprimée en 3D, l’isolation devra se faire par l’extérieur, et non de l’intérieur. Dans un climat comme celui du Québec, la construction d’une couche isolante est essentielle au confort. Ce faisant, une charpente supplémentaire doit être érigée pour permettre l’isolation de la maison. C’est d'ailleurs le même principe qui s’applique pour les maisons conteneurs.
Outre l’isolation, il faut aussi réfléchir à l’avance à la fonctionnalité de la maison. Où seront passé les fils électriques, les tuyaux et les drains? Parce que le bâtiment est en béton, ces aspects doivent être pris en considération dès la construction, puisqu’ils ne pourront pas être modifiés par la suite.
Photo : maison imprimée en 3D à Tabasco au Mexique, Josh Perez, ICON
Le coût de construction
Une maison imprimée en 3D est-elle plus économique qu’une maison traditionnelle? Certains parlent d’une économie de 50 % des coûts pour la maison, mais cette affirmation est à relativiser. Les économies sont principalement réalisées au niveau de la structure, puisque moins de main-d'œuvre est nécessaire à sa construction, et elle serait plus de l’ordre de 10 à 20 %.
D’ailleurs, le béton, matériau à la base de la structure des maisons imprimées, risque de devenir de plus en plus coûteux au fil des ans, puisque les matières qui le composent se raréfient. Le bois traditionnel quant à lui risque de demeurer à un prix plus stable.
Ajoutons à cela les coûts nécessaires à la finition de la propriété, les maisons imprimées en 3D ne sont pas une option plus économique que les maisons traditionnelles. Ce type d’habitation est encore en phase expérimentale et ne semble pas offrir de véritables économies de coûts. Il faudra encore attendre quelques années pour voir l’évolution des prix de cette catégorie de logements.
À quand l’apparition des maisons 3D sur le marché de l’habitation au Québec?
Bien qu’innovantes et pour le moins intéressantes, les maisons imprimées en trois dimensions ne sont pas prêtes à apparaitre à tous les coins du Québec demain matin. Pourquoi? Notons d’abord que la technologie en est encore à ses débuts. Ensuite, le Code du bâtiment ne permet tout simplement pas ce type d’habitation. Et les changements nécessaires prendront sans aucun doute de nombreuses années à se faire.
En attendant, il faudra donc se contenter des maisons traditionnelles et des autres alternatives déjà présentes sur le marché. On vous invite d’ailleurs à en découvrir quelques-unes :
- Les maisons autosuffisantes ;
- Les mini maisons ;
- Les mini chalets ;
- Les unités d’habitation accessoires (UHA).
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