L’inflation et la hausse généralisée du coût de la vie ne rendent pas la vie facile aux citoyens. Devant leur facture de plus en plus élevée pour l’épicerie, la voiture et le logement, nombreux sont ceux qui espèrent un allègement de leur fardeau financier, qui se produirait notamment par une baisse des taux hypothécaires.
Les propriétaires canadiens et québécois peuvent-ils espérer assister à une baisse des taux bientôt? Devront-ils prendre leur mal en patience? Coup d’œil sur la situation.
Le taux directeur de la Banque du Canada demeure stable
L’annonce est tombée le mercredi 6 septembre dernier : la Banque du Canada, banque centrale du pays, maintenait son taux directeur à 5 %. Depuis, aucune nouvelle augmentation n'a eu lieu. Les risques d'une nouvelle hausse demeurent malgré tout bien réels, la Banque craignant que l’inflation ne s'enracine pour de bon.
En effet, bien que les taux d'intérêt élevés contribuent à ralentir l'économie et réduire la demande pour les biens et services, les prix et le taux d'inflation actuel ne baissent pas assez vite au goût de la Banque. Celle-ci continue donc de surveiller de près les indices économiques pour déterminer les mesures appropriées à prendre.
Une pause très attendue dans le secteur immobilier
Le maintien du taux directeur n’a surpris personne. La majorité des économistes s’y attendait. Une pause était aussi réclamée par de nombreux ménages canadiens, qui doivent notamment composer avec la hausse des taux d’intérêts sur leur prêt hypothécaire.
Rappelons que les derniers mois n’ont pas été de tout repos pour les ménages et les propriétaires de partout au pays. La Banque du Canada a augmenté son taux directeur à dix reprises en un an et demi pour tenter de lutter contre l’inflation.
Après être demeuré à son niveau plancher de 0,25 % pendant plusieurs mois consécutifs, une première hausse avait été annoncée le 2 mars 2022, suivie par de nombreuses autres, presque consécutives. La dernière, en date du 12 juillet 2023, a fait passer le taux cible de 4,75 % à 5 %, taux aujourd’hui maintenu par la banque centrale.
Photo : Banque du Canada via Wikimedia Commons
De fortes réactions sur la scène politique
Face à ce sujet sensible sur le plan économique, les réactions se sont multipliées sur la scène politique canadienne et québécoise à la suite de l'annonce de la banque centrale cet automne.
Sur la scène nationale, le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, et celui de la Colombie-Britannique, David Eby, inquiets de la situation économique, ont écrit au gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, pour lui demander de faire preuve de retenue.
Alors que le gouvernement de Justin Trudeau continue de défendre l’indépendance de l’institution, le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Jagmeet Singh, a reproché à la Banque du Canada de « causer l’inflation qu’elle est censée combattre ».
Le chef du Parti conservateur du Canada, Pierre Poilievre, avait quant à lui fait part, en juillet dernier, de son intention de congédier le gouverneur de la banque centrale s’il est élu premier ministre lors de la prochaine élection.
Dans la province, le premier ministre François Legault n’a pas emboité le pas de ses homologues ontarien et britanno-colombien, estimant qu’il était préférable de laisser à la Banque du Canada son indépendance.
Les détenteurs d’hypothèque à taux variable sous pression
Avec les multiples hausses des taux d’intérêt, de nombreux propriétaires se retrouvent dans une situation de plus en plus précaire. C’est particulièrement vrai pour ceux ayant opté pour des prêts hypothécaires à taux variable.
Au Canada, c’est près de 35 % des prêts hypothécaires qui sont à taux variable. De ce chiffre, 80 % des hypothèques variables sont à versements mensuels fixes. Cela signifie que le paiement reste le même, quelle que soit l’augmentation des taux. C’est plutôt la proportion dédiée au remboursement des intérêts qui fluctue.
Avec la montée fulgurante des taux d’intérêt, plusieurs propriétaires se retrouvent désormais dans une situation délicate où leur paiement mensuel ne suffit plus à couvrir les intérêts de leur prêt, ayant dépassé leur taux déclencheur. En conséquence, ceux-ci voient leur période d’amortissement s’allonger, parfois drastiquement.
La Banque de Montréal, TD et la CIBC ont d’ailleurs révélé au Globe and Mail que 20 % de leurs clients ayant une hypothèque variable à paiement fixe commençaient à voir leur solde hypothécaire augmenter au lieu de diminuer en raison de la hausse des taux. La situation est particulièrement préoccupante en Colombie-Britannique et en Ontario, où certains propriétaires voient leur période d’amortissement étendue sur 90 ans, parfois plus!
Qu’en est-il des propriétaires détenant une hypothèque à taux variable et versements variables? Ceux-ci ont déjà ressenti le choc des multiples hausses, leurs mensualités augmentant à chacune de ses augmentations.
Des difficultés en vue pour les détenteurs d’hypothèque à taux fixe
Une grande partie des propriétaires possédant des hypothèques à taux fixe n’ont pas encore été touchés par la hausse des taux d’intérêt. Leur situation pourrait cependant changer drastiquement au moment de leur prochain renouvellement.
Un ménage ayant contracté une hypothèque à 2 % et qui renouvellerait ensuite à un taux de 6 % subirait nécessairement un choc financier. Cela représente des milliers de dollars de différence par année, que certains n’auront peut-être pas la capacité de payer.
À titre d’exemple, pour une propriété de 400 000 $, un prêt hypothécaire à taux fixe de 2 % et amorti sur 25 ans représente des versements mensuels de 1 693 $. Pour un taux de 6 %, le versement mensuel est plutôt de 2 559 $. Même si une partie de l’hypothèque aura été remboursée au moment du renouvellement, la différence de coût sera notable.
Plus récemment, on estimait d'ailleurs à 15 milliards de dollars la somme supplémentaire qui devra être payée par les détenteurs d'hypothèque en 2024-2025, tout type confondu.
La hausse des taux hypothécaires est-elle terminée?
Bien que tout le monde aimerait pouvoir répondre à cette question, il est difficile de prévoir avec certitude ce que l’avenir réserve à l’économie canadienne. Malgré la récente stabilisation du taux directeur de la Banque du Canada, le répit pourrait être de courte durée. L’inflation demeure bien présente et la banque centrale n’a pas fermé la porte à de nouvelles hausses, si le besoin s’en fait sentir.
Malgré tout, de nombreux économistes estiment que la hausse des taux devrait bientôt se terminer, si ce n’est pas déjà le cas. Dans un article fait pour le compte du Journal de Montréal et du Journal de Québec, Sébastien McMahon, stratège en chef et économiste senior chez iA Groupe financier, croit d’ailleurs qu’il n’y aura pas de hausse du taux directeur d’ici la fin de l’année, lors de la prochaine mise à jour en décembre 2023.
Même son de cloche pour Doug Porter, économiste en chef de la Banque de Montréal, qui estime que la Banque du Canada ne relèvera pas son taux, à moins d’un rebond de l’économie au troisième trimestre.
Est-ce que les taux d'intérêt hypothécaires vont baisser en 2023-2024?
Pourtant, la fin des hausses ne signifie pas nécessairement que les taux baisseront prochainement. Selon le scénario de plusieurs experts, la banque centrale pourrait conserver le taux élevé jusqu’à la fin 2024.
Le ton de la Banque du Canada semble d'ailleurs assez ferme à ce sujet, puisqu'elle n'envisage à l'heure actuelle que deux possibilités : le maintien ou la hausse du taux directeur. Cela empêche donc d’entretenir de fausses espérances quant à une baisse importante des taux l’an prochain.
D’autres sont pourtant plus optimistes. Benoît Durocher, économiste principal du Mouvement Desjardins, estimait récemment, dans une entrevue du TVA Nouvelles, que les conditions pourraient être réunies pour une diminution au printemps 2024. La Banque TD, quant à elle, croit plutôt que la banque centrale réduira son taux vers la fin du second trimestre 2024.
D’ici là, les ménages québécois et canadiens devront prendre leur mal en patience jusqu’à ce que la Banque du Canada prenne une décision.
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