Le taux directeur de la Banque du Canada est un instrument clé dans la gestion de l’économie du pays. En influençant les taux d’intérêt à court terme, il a un impact direct sur l’inflation, la croissance économique, ainsi que sur les décisions d’emprunts et d’investissement des consommateurs.
Depuis sa création en 1935, la Banque du Canada ajuste ce taux en fonction des défis économiques du moment, qu’il s’agisse de crises financières, d’inflation élevée ou de période de reprise économique.
Dans cet article, nous vous proposons de découvrir l’évolution du taux directeur au fil du temps et son influence sur l’économie, en particulier sur le marché immobilier et le pouvoir d’achat des Canadiens.
Le taux directeur : un outil privilégié pour réguler l’économie
Le taux directeur est fixé par la Banque du Canada, qui est la banque centrale du pays. Ce taux influence les taux d’intérêt à court terme dans l’économie. En ajustant ce taux, la Banque du Canada peut influencer les conditions économiques, notamment l’inflation et la croissance économique.
Il est important de savoir que la Banque du Canada réévalue son taux directeur huit fois par an, en prenant en compte les conditions économiques nationales et mondiales, ainsi que les risques potentiels.
L’impact du taux directeur sur l’économie et le marché immobilier
Le taux directeur à un impact direct, et interrelié, sur plusieurs aspects de l’économie :
1. Les taux d’intérêt des prêts et des emprunts
En ajustant son taux directeur, la Banque du Canada modifie les coûts d’emprunt pour les institutions financières. Cela affecte directement les prêts de consommation, les hypothèques et les prêts aux entreprises.
Lorsque le taux est élevé, les emprunts deviennent plus coûteux, incitant ainsi les consommateurs à moins emprunter. Au contraire, lorsque le taux directeur est plus bas, les emprunts deviennent moins dispendieux, ce qui encourage les gens à emprunter davantage.
2. Les décisions d’investissement des entreprises
Un taux directeur bas incite les entreprises à investir davantage en raison du coût réduit du crédit. En revanche, un taux plus élevé peut freiner les investissements, car il rend le financement plus coûteux.
3. Les dépenses des ménages
Les taux d’intérêt influencent directement le pouvoir d’achat des consommateurs. Un taux plus bas rendent les emprunts moins chers, ce qui stimule les dépenses des ménages. À l’inverse, un taux plus élevé peut limiter les dépenses.
4. L’inflation et la croissance économique
Le taux directeur est un levier essentiel pour influencer la demande globale de l’économie. Une hausse du taux peut réduire l’inflation en freinant la consommation et l’investissement, tandis qu’une baisse du taux peut stimuler la croissance économique en encourageant les emprunts et les dépenses.
Évolution marquante du taux directeur du Canada de 1935 à aujourd’hui
Depuis sa création en 1935, la Banque du Canada a utilisé son taux directeur pour réguler l’économie, principalement pour contrôler l’inflation et favoriser la croissance économique. L’impact de l’évolution du taux directeur sur l’immobilier et le pouvoir d’achat des propriétaires est significatif.
Voici un aperçu des évolutions les plus marquantes du taux directeur depuis sa mise en place :
1935 : la fondation de la Banque du Canada
Fondée en 1935, la Banque du Canada avait pour objectif de centraliser la politique monétaire et de soutenir la reconstruction économique du pays après la Grande Dépression. Le taux directeur, fixé à 2,5 %, est resté stable pendant plusieurs années afin de favoriser la reprise économique.
Dans ce contexte de redressement, ce taux avait pour but d’encourager les investissements et les emprunts, stimulant ainsi la croissance économique. Dans ce sens, le faible coût du crédit a facilité l’accessibilité à la propriété pour de nombreuses familles, tandis que la stabilité des taux a permis aux emprunteurs de planifier leurs finances avec plus de certitude.
1944-1955 : le début de la montée des taux
Après une première baisse du taux directeur à 1,58 % en 1944, le taux d’intérêt reste relativement stable durant la décennie suivante, une stabilité essentielle pour soutenir la croissance du Canada après la Seconde Guerre mondiale et favoriser la reconstruction économique du pays.
Cependant, au milieu des années 1950, lorsque le taux d’intérêt commence progressivement à augmenter, les emprunteurs se retrouvent confrontés à une capacité d’emprunt plus limitée, ce qui affecte directement leur pouvoir d’achat immobilier.
1956-1970 : la lutte contre l’inflation
Durant cette période, le taux directeur connaît une série de hausses continues, atteignant 5 % au début des années 1970. Cette augmentation est en grande partie liée à l’expansion économique et à la nécessité de contrôler l’inflation. Pour maîtriser la demande croissante et éviter une surchauffe économique, la Banque du Canada relève progressivement ses taux, tout en faisant face à des conditions internationales incertaines.
À mesure que le taux directeur augmente, les taux hypothécaires suivent cette tendance, entraînant des coûts d’emprunt plus élevés. Les emprunteurs doivent alors faire face à des paiements d’intérêts plus importants, rendant l’accès à la propriété plus difficile pour ceux qui cherchent à acheter une maison, en particulier dans un contexte de forte demande et d’inflation croissantes.
1970-1981 : la Banque du Canada face aux chocs pétroliers
Les années 1970 sont marquées par une inflation élevée, en grande partie provoquée par les chocs pétroliers. Face à cette pression mondiale, la Banque du Canada réagit en augmentant drastiquement son taux directeur, atteignant un sommet historique de 19,64 % en 1981. Cette mesure extrême vise à maîtriser l’inflation galopante en limitant la demande et en rendant le crédit plus coûteux.
Les taux d’intérêt hypothécaires atteignent des niveaux records, ce qui a des conséquences sévères pour les emprunteurs. Les propriétaires ayant des prêts hypothécaires à taux variables voient leurs paiements mensuels augmenter considérablement, entraînant des difficultés financières majeures pour beaucoup d’entre eux. De plus, avec un taux aussi élevé, l’accession à la propriété devient pratiquement impossible pour de nombreux Canadiens dont la capacité d’emprunt est terriblement réduite.
1982-1987 : un moment de répit hypothécaire bienvenu par les propriétaires
À partir de 1982, après avoir maîtrisé l’inflation, le pays entre dans une phase de stabilisation où le taux directeur, bien qu’encore relativement élevé, est progressivement réduit pour soutenir la croissance économique tout en maintenant la stabilité des prix. En 1987, le taux atteint 6,89 %, son plus bas en près de 15 ans, marquant ainsi un tournant vers une plus grande stabilité.
Après des années de taux hypothécaires exorbitants, les emprunteurs respirent enfin. L’accession à la propriété devient plus réaliste, ce qui permet à un plus grand nombre de Canadiens de concrétiser leur rêve de devenir propriétaires.
1987-1990 : la Banque du Canada affronte de nouvelles tensions
À la fin des années 1980, une nouvelle période de hausse du taux directeur commence, culminant en 1990 avec un taux directeur atteignant 13,65 %. Bien que l’inflation ait été maîtrisée, des tensions économiques persistent, notamment en raison de la hausse des prix des matières premières et de la forte demande à travers le pays.
Face à ces pressions, la Banque du Canada, cherchant à refroidir l’économie, réaugmente son taux pour éviter un retour de l’inflation, même si cela risque de ralentir la croissance à court terme. Cette hausse des taux entraîne une nouvelle pression financière sur les emprunteurs. En conséquence, la demande sur le marché ralentit puisque de nombreux Canadiens ne peuvent plus se permettre de nouveaux emprunts hypothécaires.
1990-2007 : la relance économique du Canada
Dans les années 1990, la Banque du Canada commence à réduire progressivement son taux directeur pour stimuler la reprise économique, encourager les investissements et favoriser une croissance stable après les fortes hausses des décennies précédentes. Avec un taux de 13 % en 1990, celui-ci connaît plusieurs fluctuations au cours des années suivantes, atteignant finalement 4,5 % en 2007.
Cette politique conduit à une amélioration de l’accessibilité à la propriété pour les acheteurs potentiels, tandis que les propriétaires profitent des taux plus bas pour refinancer leurs hypothèques.
2008 : réponse à la crise financière mondiale
La crise financière mondiale de 2008 plonge l’économie dans une récession profonde, incitant la Banque du Canada à abaisser son taux directeur à un niveau historiquement bas de 0,25 % en 2009, dans le but de soutenir l’économie et d’éviter une récession prolongée.
En effet, cette réduction drastique vise à stimuler la croissance en rendant le crédit plus accessible, encourageant ainsi les entreprises et les consommateurs à emprunter et investir. Avec des taux d’intérêt extrêmement bas, les emprunteurs bénéficient d’opportunités favorables, facilitant l’accès à la propriété et leur offrant un répit face aux difficultés économiques des dernières années.
2009-2017 : réduction de la prime d’emprunt pour relancer l’économie
Après la crise financière, la Banque du Canada maintient son taux directeur à un niveau exceptionnellement bas afin d’encourager les emprunts, stimuler les investissements et soutenir la reprise économique. En 2017, le taux atteint 1 %, marquant ainsi un premier signe de normalisation depuis la crise.
Avec une inflation faible et une reprise encore fragile, les taux hypothécaires très bas rendent l’accès à la propriété plus abordable, tout en réduisant les montants des paiements mensuels. Cela facilite non seulement l’achat de maison, mais aussi le refinancement des hypothèques existantes.
2017-2020 : retour à l’équilibre économique
Après des années de taux bas, l’économie retrouve un certain équilibre, ce qui amène la Banque du Canada à normaliser ses taux pour soutenir la croissance économique. En février 2020, le taux directeur atteint 1,75 % en réponse à la reprise post-crise de 2008.
Bien que les taux restent relativement bas par rapport aux périodes précédentes, les hausses successives exercent une pression financière sur certains emprunteurs, réduisant ainsi le pouvoir d’achat et l’accessibilité à la propriété pour de nombreux Canadiens.
2020-2021: la pandémie de COVID-19
La pandémie de COVID-19 engendre une crise économique mondiale. Pour soutenir l’économie et aider les entreprises ainsi que les ménages à surmonter cette période difficile, la Banque du Canada abaisse à nouveau son taux directeur à 0,25 % en juillet 2020.
Face à cette crise sanitaire et économique, des mesures fortes sont mises en place pour encourager la croissance et limiter les dommages économiques. Cette baisse du taux directeur crée des opportunités exceptionnelles pour de nombreux emprunteurs. En conséquence, de nombreux Canadiens profitent de cette période pour acheter une propriété ou refinancer leur hypothèque, ce qui conduit à une surchauffe du marché immobilier.
2022-2024 : l’inflation post-pandémie
Après les perturbations économiques causées par la pandémie, l’inflation commence à atteindre des niveaux préoccupants en 2022. Face à cette situation, la Banque du Canada entame une série de hausses de son taux directeur afin de rapporter l’inflation à un niveau cible. En 2023, le taux directeur atteint 5 %.
Cette hausse substantielle des taux entraîne une augmentation des paiements mensuels pour les emprunteurs ayant des prêts à taux variable. Elle crée également des difficultés financières pour nombreux propriétaires ayant obtenu un prêt hypothécaire à taux fixe à un taux très bas et qui se retrouvent à renouveler leur prêt dans un contexte de surchauffe économique.
Parallèlement, les nouveaux emprunteurs rencontrent des difficultés pour obtenir des prêts hypothécaires abordables, alors qu’ils doivent également faire face aux conséquences de la hausse constante et excessive du prix des maisons.
Vers la fin 2024, la Banque du Canada commence à réduire lentement le taux directeur, qui atteint 3,75 % en décembre.
Les changements attendus en 2025 : quand les taux vont-ils descendre?
Le taux directeur débutera 2025 à 3,75 %, à la suite de la récente baisse de 50 points de base, soit 0,5 %. Bonne nouvelle : selon les prévisions de certains économistes, il pourrait atteindre 2,25 % d’ici la fin de l’année.
Voici les dates clés pour l'entrée en vigueur des ajustements potentiels du taux directeur pour l’année 2025.
- 29 janvier 2025
- 12 mars 2025
- 16 avril 2025
- 4 juin 2025
- 30 juillet 2025
- 17 septembre 2025
- 29 octobre 2025
- 10 décembre 2025
Il est important de noter que ces dates représentent les moments où la Banque du Canada pourrait ajuster sa politique monétaire en fonction de l’évolution de l’économie. Restez attentif à ces annonces pour suivre les changements à venir du taux d’intérêt et comprendre leurs impacts potentiels sur l’économie et vos finances.
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