Un sondage mené par l'Association canadienne de la paie révélait en début septembre que plus du tiers des travailleurs québécois vivaient d’une paie à l'autre, notamment en raison d'un endettement plus important. Devant ce constat, il n’est pas surprenant d’observer une hausse des mauvaises créances au cours des derniers mois.
En effet, le nombre de préavis d’exercice, de délaissements et d’avis de vente sous contrôle de justice a connu une importante augmentation en 2024 par rapport aux années précédentes. C’est ce que dévoile la dernière étude du marché de JLR, de laquelle ont été tirées les données utilisées dans cet article.
Coup d’œil sur la situation.
Augmentation du nombre de préavis d’exercice hypothécaire
Un préavis d’exercice est un avertissement par lequel un créancier signale son intention d’exercer un recours légal contre l’emprunteur. En 2024, le nombre de préavis d’exercice a connu une importante augmentation de 15 % par rapport à 2023, signe qu’une part plus importante de la population a de la difficulté à faire ses paiements hypothécaires.
Pour le troisième trimestre uniquement, 1 392 préavis d’exercice ont été émis à travers le Québec, tous types d’immeubles confondus. Cela représente une hausse marquée de 9 % par rapport au troisième trimestre de 2023, et une augmentation significative de 70 % par rapport à la même période en 2022, qui en comptait 817.
Une situation variable d’une région à l’autre
La situation varie toutefois d’une région à l’autre de la province. Alors que certains secteurs ont connu des augmentations importantes du nombre de préavis enregistrés, d’autres ont pour leur part assisté à une diminution de ceux-ci. Voici d’ailleurs un aperçu de l’évolution de certaines régions au cours des quatre derniers trimestres :
- Mauricie : 206 préavis (+ 53 %)
- Lanaudière : 506 préavis (+35 %)
- Outaouais : 327 préavis (+30 %)
- Montérégie : 895 préavis (+25 %)
- Laurentides : 651 préavis (+7 %)
- Chaudière-Appalaches : 277 préavis (-14 %)
- Capitale-Nationale : 375 préavis (-37 %)
Montréal est la région dans laquelle le plus grand nombre de préavis ont été enregistrés, pour un total de 1 100 préavis d’exercice. Il s’agit d’une hausse de 32 %.
Les délaissements et avis de vente sous contrôle de justice aussi en hausse
Il n’y a pas que les préavis d’exercice hypothécaire qui sont en hausse : les délaissements et les avis de vente sous contrôle de justice ont également connu une augmentation importante au cours de l’année.
Les premiers ont ainsi grimpé de 22 % en 2024 par rapport à l’année dernière, avec un total de 458 délaissements. Les seconds ont quant à eux bondi de 54 % pour la même période, avec 534 avis sur 12 mois.
Au cours du troisième trimestre de 2024, un total de 115 délaissements ont été enregistrés, soit une augmentation de près de 24 % par rapport au troisième trimestre de 2023. Pour la même période, 143 avis de vente sous contrôle de justice ont été publiés, ce qui représente une hausse drastique de 61 % par rapport au même moment l’an dernier.
Ces deux indicateurs à la hausse suggèrent une aggravation de la situation financière de plusieurs propriétaires dans la province.
Quelles sont les causes?
Comment expliquer de telles données? Selon la firme JLR, à l’origine de l’étude de marché, cette tendance serait attribuable aux conséquences tardives de la dynamique économique post-pandémique. Un nombre important de prêts avaient alors été accordés avec un effet de levier plus élevé, en raison d’une liquidité plus abondante. Ces emprunts commenceraient désormais à peser sur la stabilité financière des ménages québécois.
L’augmentation du taux de chômage contribuerait parallèlement à réduire le pouvoir d’achat des ménages, ayant pour conséquences d’accroitre les risques de défauts de paiement et d’augmenter le nombre de saisies immobilières.
Les baisses successives du taux directeur au cours des derniers mois n’auraient également pas encore l’effet souhaité auprès de nombreux propriétaires au Québec, dont la situation financière continue de se détériorer.
Les hypothèques en souffrance demeurent à leur niveau le plus bas
Les données recueillies peuvent paraitre alarmantes. Mais bien qu’elles traduisent une dégradation de la situation économique, il est important de les mettre en perspectives : les prêts hypothécaires en souffrance au Canada demeurent à leur niveau le plus bas depuis des décennies.
En effet, selon l’Association des banquiers canadiens, seulement 0,20 % des prêts hypothécaires étaient en souffrance au Québec en date du 31 juillet 2024. Il s’agit d’une proportion légèrement supérieure (0,05 %) à celle observée à pareille date l’année dernière et en 2022 (0,01 %).
Le taux québécois est d’ailleurs identique à celui de l’ensemble du Canada, mais bien moins important que celui d’autres pays, tels que les États-Unis (0,74 %).
Ainsi, bien que les signes d'une hausse des mauvaises créances soient préoccupants, les prêts hypothécaires en souffrance au Québec restent historiquement bas, témoignant d'une certaine résilience du marché malgré les défis économiques actuels.
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