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8 avr. 2022reading time icon8 min

Hausse des prix de l’immobilier : les jeunes ménages plus affectés

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Hausse des prix de l’immobilier : les jeunes ménages plus affectés
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On vous en parlait déjà dans notre article sur les prévisions de 2022 : la hausse fulgurante du prix des propriétés affecte particulièrement les jeunes ménages. De plus en plus d’experts s’inquiètent ainsi des séquelles à long terme de cette situation et de l’iniquité générationnelle que cela pourrait exacerber.

En effet, la flambée immobilière des dernières années fait en sorte qu’il est de plus en plus difficile pour les premiers acheteurs issus de la classe moyenne d’accéder à la propriété. À la fin mars, dans un article de Radio-Canada, Guy Cormier, président et chef de la direction du Mouvement Desjardins, disait d’ailleurs craindre que « l’augmentation des prix de l’immobilier résidentiel et du marché locatif ne soit en train de créer de l’iniquité entre les générations. »

Voici quelques informations importantes à connaitre sur le sujet.

Difficile d'acheter une maison pour les jeunes familles

La proportion de jeunes propriétaires à la baisse

Selon des données recensées par l’APCHQ (Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec), l’accès à la propriété pour les jeunes ménages se referme. Depuis 5 ans, la proportion des jeunes propriétaires a diminué de plusieurs points. Chez les générations plus âgées, l’effet inverse s’est fait sentir :

  • Moins de 25 ans : la proportion des jeunes propriétaires est passée de 19 % en 2016 à 16,5 % en 2021 (-2,5 %).
  • De 25 à 34 ans : de 47 % en 2016, elle a fondu à 44,2 % en 2021 (-2,8 %).
  • De 35 à 44 ans : elle est passée de 63,6 % à 61,6 % (-2 %).
  • De 45 à 54 ans : de 68,7 % à 68,2 % (-0,5 %).
  • De 55 à 64 ans : la proportion d’adultes propriétaires a augmenté de 69,1 % à 69,5 % (+0,4 %).
  • De 65 à 74 ans : de 66 %, elle est passée à 67,2 % en 5 ans (+1,2 %).
  • 75 ans et plus : elle est la catégorie ayant le plus augmenté, avec 55,7 % en 2016 et 59,9 % en 2021 (+4,2 %).

Ces données illustrent bien le fossé qui se creuse tranquillement entre les tranches d’âge.

Plusieurs craignent que la situation actuelle crée une « génération à loyer », incapable de devenir propriétaire en raison du prix des habitations. Cela aurait pour effet non seulement de poser un problème d’équité intergénérationnel, mais bloquerait également l’ascenseur social.

En effet, les premiers acheteurs provenant d’un milieu modeste auraient encore plus de difficulté à accumuler la mise de fonds nécessaire à l’achat d’une habitation. Surtout s’ils ne peuvent pas compter sur le soutien financier d’un proche ou d’un parent pour les aider.

Flambée des prix : l'impact sur les jeunes

Flambée des prix des maisons : l’accession à la propriété difficile pour les premiers acheteurs

Pour réaliser leur rêve de devenir propriétaire, certains décident ainsi de se tourner vers des catégories de propriétés moins dispendieuses que l’unifamiliale, tels que le condo. Mais cette solution, quoiqu’intéressante, ne convient pas à tous. D’autant plus que ces catégories ont, elles aussi, connu une hausse majeure de leur coût.

Accumuler la mise de fonds nécessaire à l’achat n’est donc pas chose facile, surtout lorsqu’on espère offrir plus que le montant minimal requis. Et quand le prix des habitations monte plus rapidement que l’épargne de la majorité des individus, cette tâche est encore plus difficile.

Accumuler la mise de fonds : un effort à plus long terme

Les statistiques le prouvent : les jeunes doivent, aujourd’hui, épargner en moyenne deux fois plus longtemps que les générations précédentes pour pouvoir espérer accéder à la propriété. Et cela n’a rien d’étonnant lorsqu’on constate la montée des prix de l’immobilier.

Alors que le prix médian d’une maison au Québec était de 94 500 $ en 2000, il a atteint 362 000 $ en 2021. Les salaires, évidemment, n’ont pas suivi cette hausse astronomique. En épargnant 5 % de leurs revenus, c’est donc huit années, au lieu de quatre, qu’il faut aux jeunes ménages pour accumuler une mise de fonds suffisante.

En ce qui concerne la proportion du budget accordé à la propriété, celle-ci aussi a augmenté avec les années. Pour une unifamiliale à Montréal, elle représentait environ le quart (25,6 %) des revenus au début du millénaire. Elle en occupe aujourd’hui plus du tiers (38,5 %).

Accumuler la mise de fonds : un projet long et difficile

Malgré cela, un rapport de Sotheby’s International Realty et du groupe Mustel révèle un fort niveau de confiance chez les jeunes aspirants propriétaires. Se concentrant sur la génération Z, cette étude montre également comment les jeunes canadiens prévoient surmonter les défis financiers de l’accession à la propriété :

  • En trouvant un emploi plus payant (51 %) ;
  • En réduisant les dépenses personnelles (42 %) ;
  • En obtenant un revenu supplémentaire d’un second emploi (41 %) ;
  • En réduisant les sorties au restaurant (37 %) ;
  • En vivant avec d’autres membres de la famille (30 %) ;
  • En éliminant les vacances (29 %) ;
  • En retardant l’arrivée d’un enfant (28 %) ;
  • En réduisant les dépenses liées aux loisirs (25 %)…

L’aide financière des parents : une solution qui a ses limites

Une autre solution prisée par les jeunes ménages pour leur permettre d’acquérir une propriété? Avoir recourt à l’aide de leurs parents.

Parce que beaucoup d’entre eux ont pu accumuler une bonne somme avec l’immobilier au cours des années, beaucoup de parents sont prêts à piger dans leur portefeuille pour aider leurs enfants à acheter. Et ce soutien financier peut parfois être substantiel!

L’an dernier, c’est plus de 10 milliards qui auraient été offerts par les parents canadiens à leurs enfants. Pour l’ensemble du pays, c’est donc près de 30 % des nouveaux acheteurs qui ont bénéficié d’une aide parentale d’une valeur moyenne de 82 000 $.

Qu’en est-il du Québec? Dans la province, la proportion des premiers acheteurs ayant reçu un cadeau financier est de 21 % en 2021. Et le montant moyen offert? 47 000 $.

Mais, évidemment, ce ne sont pas tous les parents qui ont la possibilité d’aider ainsi leur progéniture. Et cela contribue à créer un écart encore plus grand entre les premiers acheteurs qui ont un coup de pouce financier et ceux qui n’en ont pas.

Achat d'une maison : difficultés financières des jeunes ménages

Photo : Freepik.com (wayhomestudio)

Un fossé qui se creuse

Bien que l’aide financière parentale puisse, à première vue, paraitre une bonne solution, elle n’est pas sans conséquence. Au contraire, en injectant des sommes additionnelles sur le marché et en accordant un pouvoir d’achat supplémentaire à certains acheteurs, elle contribue à soutenir la surenchère et la hausse du prix des habitations à travers le pays.

Pour les jeunes, la contribution parentale peut ainsi faire la différence entre acheter ou rester sur le marché locatif. Et pour deux acheteurs au pouvoir d’achat semblable, celui qui ne reçoit pas d’aide financière familiale sera nécessairement désavantagé au moment de négocier le montant d’acquisition.

L’accession à la propriété : un problème social?

Selon le chef de la direction du Mouvement Desjardins, l’accès à la propriété devrait devenir un enjeu social. Bien que les opinions à ce propos varient, de plus en plus d’individus, d’experts, et même de politiciens sont d’avis que l’accès à la propriété doit être au cœur des préoccupations des prochaines années.

Alors que le gouvernement provincial actuel en a surpris plus d’un en refusant d’intervenir directement sur cette problématique, le gouvernement du Canada a quant à lui proposé quelques mesures dans son budget fédéral de 2022. Celles-ci touchent notamment :

  • La question des flips immobiliers ;
  • La bonification du crédit d’impôt pour l’achat d’une première habitation ;
  • La mise en place d’un nouveau compte d’épargne libre d’impôt pour l’achat d’une première propriété.

Dans la même suite d’idées, le Parti libéral du Québec (PLQ) a profité de la campagne électorale pour annoncer les mesures qui seront prises si le parti remporte les élections du mois d’octobre. Pour en savoir plus : les promesses des libéraux concernant l’accès à la propriété.

Photo de couverture : Freepik.com (master1305)

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